Doit-on dire du mal ou du bien des critiques ?
Eux qui ne se privent pas pour dire ce qu’ils pensent en bien ou en mal des vins qu’ils analysent ainsi que des qualités et défauts supposés ou réels des vins et des propriétaires ou consultants .
Je comprends bien que le journaliste, le critique, fait son métier, mais souvent (pas toujours), son jugement est influencé par ses opinions et ça peut donner :
Vin rouge noir : bonne note
Vin rouge noir : mauvaise note
Bois neuf : bonne note
Bois neuf : mauvaise note
Vin concentré : bonne note
Vin concentré : mauvaise note
Chaque critique ayant d’ailleurs cette capacité à ne classifier que les crus qui ne sont pas trop connus ou polémiques (Pavie par exemple)
Prenons les 1ers crus 1855 par exemple : pas besoin de lire les critiques , car tous sauf le Grand Jury Européen, leur donnent les meilleures notes…
A l’époque des débuts de Valandraud, tous les critiques hormis Parker et Bettane avaient tendance à mettre les meilleures notes aux 1ers et assimilés, même quand ceux – ci étaient pour le moins ratés ou insuffisants. Dans les millésimes ratés que sont 91- 92- 93 -94, il faudrait ressortir les notes de ces critiques et leur faire boire à l’aveugle à côté d’un bon challenger.
J’ai chez moi eu à organiser ce genre de dégustation et à part quelques pervers compétents capables de reconnaitre un bon vin et de mal le noter, tous les autres étaient capables de rétablir les vins réussis par rapport aux ratés, même si après, au « débriefing » (comme le fait François Mauss), ces mêmes critiques trouvent des excuses aux icones qu’ils ont l’habitude de bien noter. Difficile en effet de se déjuger, de changer d’avis, surtout si le château très connu peut vous supprimer l’accès. (comme cela a pu arriver à Jean Marc Quarin ou peut être à Michel Bettane).
Tout le monde donc se met à utiliser la langue bordelaise du politiquement correct du « c’est intéressant » au « terroir » à « l’élégance » « du fruit » voire au « tendu » « minéral » (comme actuellement)
Il est vrai que tous, à 2 ou 3 exceptions près, essayent de bien faire leur boulot, avec leurs honnêtes règles et que certains sont devenus crédibles par la quantité de travail fourni et qu’ils ont eux aussi leurs clients qui se retrouvent dans leurs jugements, année après année (même si ce ne sont pas les miens).
Doit-on, comme le dit avec « humour » un de mes amis à propos des journalistes qui goûtent bien son vin et lui donne la meilleure note : « il goûte bien, il est très compétent »
(tel le négociant bordelais qui goûte bien la « marge »)
Doit-on continuer à offrir son vin aux critiques qui mettent systématiquement une mauvaise note ? Dois-je arrêter, alors que tant de crus aimeraient avoir au moins ce que je considère comme une mauvaise note ?
Pourquoi si peu de journalistes vont ils sur le terrain visiter les vignes, le chai, voir les gens ? Alors que sans cesse ils vont et re-vont visiter ces 15 à 30 marques -châteaux-icônes .
Pourquoi si peu de curiosité ? Comme si toute les vignes se ressemblaient (Philippe Maurange sait voir quand les vignes sont désherbées, Quarin voit bien si les vignes sont jeunes ou vieilles), comme si tous les chais de vinification étaient propres et sentaient bon … Comme si toutes les caves d’élevage étaient sans odeur de moisi, de vieilles barriques, de champignons ! Comme ci toutes ces mises en bouteille étaient faites de la même façon, etc…
Pourquoi si peu de dégustations à l’aveugle ? de contrôle ? Manque d’argent, de temps, pas utile ?
Comment ne pas vouloir vérifier les langages bio, les discours attendus, n’est ce pas leur métier que de chercher, de se remettre en question encore et encore ?
Attention, ce que vous avez dit, écrit, c’est un peu comme nos bouteilles, il y aura peut être quelqu’un pour vérifier. !
Chaque fois que j’ai le sentiment d’avoir à faire à une critique injuste ou fausse, j’avais coutume de dire que si moi j’achetais ou faisais un mauvais vin, je prendrai un risque financier pour mon entreprise et que je ferai faillite, et qu’un journaliste ou critique qui se trompait pouvait lui aussi perdre ses lecteurs. Ce peut être plus long, moins grave, mais au final la crédibilité du critique peu subir les mêmes attaques que celles d’un cru 1855 !
La vérité est dans le verre.
La vraie question est surtout : est-il nécessaire de goûter un vin alors qu’on sait qu’on va mettre une mauvaise note et est-il normal de continuer à proposer notre vin à un dégustateur dont on sait à l’avance qu’il ne va pas aimer, soit réellement, soit politiquement, d’ailleurs.
Vive Bertrand Le Guern et son travail statistique qui met en relief les notes « erratiques ».
Ce qui n’empêche pas d’ailleurs tel critique connu qui n’aime pas les vins concentrés, d’être sérieux et très écouté par ses lecteurs qui partagent ses convictions et ses goûts.
Jacques Luxey me manque, Grand Jury Européen est un peu dans son éthique mais n’a pas le pouvoir qu’il mérite.
C’est ainsi.
laurentg 09/06/2009 17:31
mauss 08/06/2009 19:30
bettane 08/06/2009 15:53
mauss 08/06/2009 11:19
Michel Bettane 07/06/2009 09:52