René Gabriel (Wein Wisser & Mövenpick) m’a dit l’été dernier « ce serait bien que tu organises une une dégustation pour fêter les 25 ans de Valandraud, Je viendrai avec des amateurs et j’apporterai des bouteilles des premières années de Valandraud ».
Il sait que les toutes premières années de Valandraud, nous vendions tout sans en garder aucune car nous n’en avions pas les moyens : il fallait vendre.
Rendez-vous fût fixé pour le vendredi 2 décembre et, toujours sur l’idée de René, partant du principe qu’une bouteille de 0.75L pouvait être goûtée par 18 personnes, j’ai invité à participer à cette dégustation mes associés, mes collaborateurs et consultants et Neal Martin (Robert Parker’s Wine Advocate ) à se joindre à nous.
Vendredi midi, visite et casse-croute à la maison, rue Vergnaud, là où tout a commencé : la création de Valandraud, 1er vin de garage ainsi nommé par Michel Bettane, Robert Parker et tous les autres pour classer Valandraud dans une nouvelle catégorie ; puisque la catégorie super Toscans et autres Cult wines existait déjà !
Le Japon nous a donné le charmant et romantique nom de « Cinderella Wine », le vin conte de fées.
En 2012, le classement de Saint Emilion a classé Valandraud en 1er cru, en attendant l’écriture des 25 prochaines années…
A l’idée originale de René Gabriel, j’ai voulu rajouter comme lorsque j’avais fait le point il y a un peu plus de 15 ans, car l’Amateur de Bordeaux voulait savoir (et dans la question, il y avait la réponse) comment pouvait évoluer notre vin de garage au bout de 10 ans … Sous-entendu, n’ayant pas de terroir, ni d’histoire, ledit terroir prendra le dessus et le vin ne ressemblera donc à rien de moins qu’un vulgaire vin de piquette ( ce laps de temps de 10 ans devant correspondre à l’enterrement des vins dits technologiques)
Bon, déjà cette dégustation s’était bien passée pour Valandraud car je l’avais fait goûté avec 3 autres crus, 1 autre garagiste, 1 cru « classique » et un premier cru. La conclusion de celui qui avait écrit l’article, bon circulez il n’y a a rien à voir à ce jour, mais on verra quand les vins auront 15 ans ! (zut, zut et re-zut !)
Bien. Ce coup-ci c’est donc 25 ans, les premières années avec nos terroirs de Fongaban, Plaisance, la Grezolle, et depuis 1999 Bel Air Ouÿ, devenu Valandraud, et son superbe terroir de 1er cru.
Nous avons tout goûté à l’aveugle y compris moi et ceux qui ont fait le vin, et nous étions assez fiers à l’énoncé des résultats. Dégustation faite pas série de 5, par exemple :
5 millésimes de Valandraud 1991-1992-1993-1994-1995 vs 5 millésimes de crus célèbres et 1ers crus 1855 ou assimilés
René Gabriel et Neal Martin ont déjà écrit sur cette dégustation et il y aura bien entendu des commentaires des amateurs et des autres critiques et journalistes, mais globalement tous les vins étaient de très grands vins, l’intérêt pour nous n’étant pas de prouver une suprématie totale mais seulement, et c’est déjà bien assez présomptueux, une appartenance à un groupe de grands vins.
Les vins goûtés avaient été au préalable juste vérifiés par Jean Philippe Fort pour éliminer les vins bouchonnés. Les bouchons des années 2000 étant particulièrement peu fiables, quel que soit les prix payés à l’époque. Heureusement maintenant ils sont beaucoup plus fiables ces bouchons, puisque même notre bouchonnier, Bourrassé, nous les garantis sans goût de bouchon ! En tout cas, peu de bouchonnés, hélas l’Interdit de Valandraud (2000) donc pas goûté et Harlan 1999…. Comme c’est dommage.
Pour les vins « pirates », ont été servis :
2015 : aucun puisque Valandraud est encore en barriques
2014 : Clos du Beau Père ( qui a fait forte impression, et ce fût un vrai pirate !)
2013 : Ducru Beaucaillou
2012 : Angélus
2011 : Haut Brion
2010 : Lafleur
2009 : Pontet Canet
2008 : Trotanoy
2007 : Pape Clément
2006 : Troplong Mondot
2005 : Larcis Ducasse
2004 : Cheval Blanc
2003 : Margaux
2002 : Mouton Rothschild
2001 : Opus One
2000 : Léoville Las Cases
1999 : Mouton Rothschild
1998 : Pavie
1997 : Lafite Rothschild
1996 : Latour
1995 : Beauséjour Bécot
1994 : Le Pin
1993 : Lafite Rothschild
1992 : Eglise Clinet
1991 : Margaux
Il manquait rien, à mon avis, si ce n’est 2 ou 3 personnes de plus, aucun vin ne méritant pas sa place dans la catégorie des grands vins et bien sûr, une incroyable vision de l’évolution dans la création des vins d’époque pourtant moderne, et depuis 2009 il y a à Bordeaux et chez nous une progression qualitative si évidente, dans la précision des élevages barrique, des tannins et la fraîcheur supplémentaire apportées depuis le 2010, en tout cas pour Valandraud.
Pour conclure, en tout cas pour moi, de bonnes surprises comme ce Valandraud 1991 rarement goûté, le 1992 tenant toujours la route, le 93 et surtout le 1994 réussite magistrale dans ce millésime difficile. Bien sûr, j’ai bien aimé le 1998 et j’ai été agréablement surpris par le 2000 dans un registre « élégant ». Le 2005 bien sûr mais surtout le 2009, sexy en diable, buvable presque à l’excès, le 2010 qui mérite d’être confronté aux 100 points, et bien sûr 2011, 2012, 2013 très réussi, 2014 délicieux déjà et le futur « meilleur d’entre tous », le 2015.
Après ce bel exercice, repas à Sansonnet avec Valandraud blanc 2012, Sansonnet 2010 et 2012 (remarquable), Angélus 2011 et Ausone 2012. Il fallait bien ça pour pouvoir enfin boire sans retenue. Merci aux participants.